Victor Boissel nous transporte dans un univers dystopique, dans lequel sont traitées les questions éthiques qui régissent notre monde contemporain : la beauté en tant que rétribution de l’ascension sociale, la distraction du « Bas-Peuple » qui, endormi par les jeux, ignore les manoeuvres amorales des tenants du pouvoir, l’euthanasie et d’autres encore.
La structure du récit est remarquable et la psychologie des personnages est maniée avec soin dans le style propre de l’auteur.
J’ai été captivée par ce roman, et transportée au fil des pages par le suspense qui me tenait en haleine, jusqu’au dernier moment. Dans mes lectures, j’apprécie avant tout d’être agréablement surprise par le cheminement de l’action, c’est ce que m’a offert Habeas Corpus (à la différence de bien d’autres ouvrages…).
Ce roman est une oeuvre qui doit trouver sa place dans toutes les bibliothèques.
Vraiment agréable à lire, mais pas que. Ce livre est intriguant. Plus on s’approche de la fin, plus le récit est intense. Je suis de ceux qui placent ce roman dans du polar/science-fiction. Pas totalement philosophique, ce n’est pas ce que j’en retiens (sans doute n’est-il pas assez développé pour moi dans ce domaine) même si ce livre a un grand potentiel philosophique, à n’en pas douter.
C’est le genre de livre dont on ne regrette pas la lecture. Chaque livre/lecture devrait nous apporter quelque chose, une nouvelle vision du monde, une meilleure compréhension de soi, une indignation, … que sais-je ?
Celui-ci le fait.
Et plutôt bien.
Moi aussi. J’ai lu, j’ai aimé. Pour moi il s’agit bien d’un roman d’anticipation. Je n’ai jamais considéré ce genre comme une sous littérature. Bien au contraire.
J’ai toujours été friande de cette littérature, riche de tous les passés et de tous les possibles de l’humanité, riche de réflexions sur l’homme et son avenir. Ce roman ajoute une dimension à toutes les dimensions parallèles imaginées et narrées par les Dick, Simak, Orwell, Clarke, Silverberg, Huxley, Barjavel, Bradbury, Curval, Brussolo, Klein, Andrevon et consorts. Et n’a rien à leur envier.
Un crime commis dans un univers sans violence sert de prétexte à l’auteur pour nous entraîner dans tous les recoins, toutes les couches sociales de ce monde trop parfait. Sous couvert de fiction et dans le feu des actions, il analyse une société bien proche de la nôtre, établit des constats, décrit les situations et solutions actuelles, tire les conséquences, dénonce la perversité d’une apparente bienveillance sociale qui n’est en réalité que tyrannie souriante, et pour finir esquisse les ouvertures, les perspectives d’évolution, de changement, de progrès.
Les personnages sont bien campés, bien dessinés, bien observés, on a l’impression de les connaître tous, ou presque, qu’il s’agisse de la sphère publique ou du cercle privé. Les thèmes abordés foisonnent, l’humain est décrit dans toutes ses dimensions, de l’intime au politique, et sont soulevées des questions éthiques, qu’il s’agisse de science, de jeu, d’éducation, de gouvernance, des relations humaines… c’est un roman qui nous amène à une réflexion globale sur le monde actuel, son organisation et sur ses transformations à venir, mais aussi sur l’essence de notre humaine nature.
Victor Boissel use d’une plume de facture classique, élégante jusqu’à l’imparfait du subjonctif, qui tombe pile et poil et sans qu’on le remarquât à la première lecture tant il est utilisé à propos. Rien d’emphatique pourtant, l’écriture est fluide, accessible sans être pauvre, riche de formules bien trouvées, l’expression est personnelle. Le déroulé du récit est souple, logique, tout s’enchaîne et s’emboîte parfaitement.
Déjà des lecteurs enthousiastes. Et qui attendent la suite, monsieur Boissel. Car ce n’est qu’un début, n’est-ce pas ?
Habeas Corpus fait partie de ces romans que l’on nomme vulgairement d’anticipation. Il fait état d’un monde miroir du nôtre, avec ses organisations, ses moyens de communication, ses systèmes de gouvernance, comme un prolongement, une projection dans le futur, de ce que nous vivons.
Je dois vous avouer, à ce point de mon billet, que ce type de roman ne fait en rien partie des lectures que j’affectionne. Bien sûr, j’ai lu Orwell, H. G. Wells, Barjavel, K. Dick, et je connais ce monde. Mais je suis très souvent dubitative et dans la traque de la moindre faille.
Je dois donc dire que Victor Boissel m’a bluffée. Pour en revenir à mon postulat de départ, son roman se range aisément dans la catégorie des « bonnes histoires bien écrites ». Je n’aime pas dévoiler les récits, par peur de trop en dire, ou d’en déformer les propos. Je dirai simplement que ce récit, tenu de main de maître, nous mène à réfléchir, au travers d’une enquête policière, sur les failles de notre société. Sur ses capacités d’amélioration. Sur nos corps, notre vie, nos aspirations, nos rêves, notre propension à fuir la réalité. Nos rapports humains. Notre considération de l’autre. Et tant d’autres choses !
Ce roman n’est donc pas « que » roman, dans le sens où l’histoire, palpitante, donnée au lecteur, n’est pas qu’une fin en soit. Elle est également là en tant que support de réflexion.
Par ailleurs, Victor Boissel possède un style, qui n’est pas le copié-collé d’un Eco, d’un Bello ou autre. Son écriture fluide n’est pas sans travail ni sans esthétisme. Bien au contraire. Elle est riche sans être baroque, rythmée sans être brouillonne, intelligente sans être hautaine.
Les mots d’Émilie me font grand plaisir, à bien des égards.
Elle et moi avons échangé quelque temps après qu’elle eut écrit ce billet et nous avons tergiversé sur la classification des romans, la case dans laquelle on les place, l’étiquette qu’on colle sur leur couverture.
Émilie mentionne le genre de l’anticipation, ce que je reconnais, notamment parce qu’il est un aspect qui distingue l’anticipation et que j’ai souhaité exploiter. Il me faudra sans doute un paragraphe pour parler de cet aspect propre à l’anticipation.
En observant les travers de ce monde, on peut s’amuser à établir des projections, à se demander : “Et si ce travers-là devait dériver ? Et si celui-ci devait devenir la norme ? Et si tel autre devait croître outre mesure ?“ Le “si“ de ces interrogations est un peu celui de Stanislawski qui réclamait de ses comédiens qu’ils s’imaginent vraiment face aux enjeux des personnages qu’ils incarnaient (the magic if). L’anticipation peut avoir ce point de départ, une exagération projetée dans l’avenir, afin de porter un regard critique sur le monde présent.
Ainsi, en un paragraphe (dois-je préciser que je me suis fait violence ?), je reconnais en quoi Habeas Corpus peut s’inscrire dans la famille des romans d’anticipation. D’aucuns y ont vu autre chose. Une dystopie, un roman ou un conte philosophique, un polar, un roman d’aventures, d’amour, un texte de droit ou de politique… j’aimerais tellement qu’ils aient tous raison. Mon fantasme serait qu’on ne le mette dans aucune catégorie, ou que chaque lecteur l’installe dans son propre système de classement.
Hors billet, Émilie me disait que les personnages et leurs relations l’avaient touchée. Ca fait une catégorie, ça ? J’imagine un roman dit “de personnages et de relations”, voilà qui m’enchanterait aussi. Or je crois que ce n’est pas tant à moi de décider, ni même à un éditeur, j’aimerais tant que ce privilège revienne au lecteur.
En tout état de cause, merci à Émilie pour ces mots, un jour peut-être seront-ils lus par un éditeur (ou sa cousine par alliance), d’ici là, je continue d’agiter ma plume, avec un public confidentiel, détenteur d’un secret que je rêve de voir éclater au grand jour.
Ce roman « de personnages et de relations » – quelle belle définition de celui-ci, à la fois évidente et appelant la réflexion – est un bijou. J’ai eu la chance de le lire, et j’espère que ce billet élargira la population de ses lecteurs. Il possède en effet un style propre, propre à l’auteur – lisez-donc ses magiques contes – mais aussi propre à lui-même, un vase clos et beau. Précipitez-vous !
La plupart de ces commentaires ont été postés par des lecteurs sur le blog d’Émilie : RienÀRedire — suite à l’article qu’elle avait écrit sur Habeas Corpus, elle avait invité les uns et les autres à s’exprimer.
Le lien ci-dessous vous y conduira.
Une claque magistrale ! De l'action, de l'amour... Mais aussi de la philosophie, de la politique ! Une dystopie menée par une main de maître à la plume aussi subtile que tranchante. Un seul conseil : foncez !
La lecture d’Habeas Corpus nous plonge dans un monde étrange et passionnant. Nous suivons les intrigues dans lesquelles se débattent les personnages, des vies étranges où la jeunesse perpétuelle, la beauté, l’amour sont programmés… le bonheur est-il à ce prix ?
… futur imaginaire qui nous incite à une réflexion sur nos propres vies ! l’écriture fluide et brillante sert ce roman si original !
J’ai lu et adoré Habeas Corpus ! Un de mes romans d’anticipation préférés !
Grand adepte de ces lectures, j’ai trouvé dans HC beaucoup d’intelligence et une enquête palpitante ! Jusqu’à la fin, on se demande qui est l’auteur du crime. J’ai avalé le roman, le lisant en marchant (c’est généralement bon signe).
Un bon roman d’anticipation, est pour moi, un aspect de la vie déformé, grossi, démultiplié. Et c’est ce qu’est HC.
Que donnerait le monde si tout était dirigé vers le beau ? Que donnerait un gouvernement où les petits partis sont subventionnés par les grands ? Le roman fourmille de mille et une trouvailles.
J’adorerais voir le roman publié (j’ai une maison en tête). J’adorerais que Nicolas Fructus ou Aleksi Briclot en fassent la couverture. Et je pourrais, ainsi, le faire dédicacer par son auteur.
Lectrice assidue des écrits de Victor Boissel, je sais qu’on tombe dans ses intrigues comme on tombe amoureux. Habeas Corpus sonne comme une prophétie à la 1984, juste et effrayant mais si bien écrit qu’il séduit.
Moi aussi j’ai eu la chance de lire Habeas Corpus et même trois fois… La première en tant que simple lecteur et les deux autres en tant que libraire… Cette histoire a tout pour être éditée, j’en vois passer des livres et je peux vous dire que celui-ci est bien au-dessus dans son genre.
Son atout peut être, d’être très visuel. La lecture est fluide même si au départ, il faut un peu de concentration ! Il faut absolument faire tourner cette histoire, soutenir comme il se doit l’auteur. C’est important pour un auteur de savoir que les lecteurs ont aimé son travail. J’ai la chance d’être l’intermédiaire entre le livre et le lecteur et comme j’aimerai un jour pouvoir conseiller ce livre dans ma librairie… Longue vie à Habeas Corpus et surtout on ne lâche rien ! Foi de libraire !
J’ai eu moi aussi le privilège de lire ce roman. Je l’ai lu deux fois, une fois en mode hypnotique et vorace, l’autre en mode dégustation. J’ai adoré sa pensée, son écriture, son histoire.
L’âme des personnages, le découpage, le rythme…
Barjavel l’aurait appelé Maître, et n’aurait peut être pas osé publier La nuit des temps. Roman inclassable, polyphonique… Rare.
J’ai eu la chance de faire partie des premières lectrices d’Habeas Corpus ! Je pensais ne pas être adepte de ce type de roman dit « d’anticipation » et bien je me suis surprise à me laisser transporter par le récit, les personnages et les réflexions sur notre société ! Je suis totalement revenue sur mes aprioris et je ne saurais donc faire mieux que de le recommander sans l’ombre d’un doute ! J’ai passé un très agréable moment et j’envisage de le relire prochainement.
Certain-e-s pourront en témoigner, je l’ai dévoré d’une traite alors que la lecture à l’écran n’est vraiment pas chose aisée pour moi.
.J’aime les romans de SciFi, de médiéval fantasy et d’anticipation. Il est rare d’y trouver une intrigue, du contenu et un style. J’ai trouvé tout cela dans Habeas Corpus. Ce qui m’a happée est que, partant d’un sujet qui a déjà été abordé sous une forme ou sous une autre, Victor Boissel en fait un roman intelligent, prenant et renouvelé. Certains dialogues ouvrent à une véritable réflexion. J’aime la manière dont le récit est construit, comme autant de fils délicatement tirés puis noués les uns aux autres. Quand au style de l’auteur… un vrai plaisir ! j’aime la belle écriture et j’ai été servie.
Je suis quelqu’un de très occupé. À ce point occupé que je ne trouve plus le temps de lire, en dépit de mon appétence pour les belles phrases et les bonnes histoires.
En outre, pour quelqu’un de très occupé comme moi, assortir une telle lecture d’un retour critique revêt un caractère chronophage intolérable.
Mais le temps, je l’ai pris pour Victor Boissel. Alors certes je connais Victor, comment aurait-il pu en être autrement puisque seul son entourage a jusqu’ici pu découvrir, ô monde absurde, son œuvre… Mais la relation qui nous lie n’a rien à voir avec ma décision de lecture : l’amitié ne change rien au fait que je suis quelqu’un de très occupé – il me semble important de le souligner – et que les romans ont cette satanée habitude d’empiéter sur les heures. Si j’ai lu Habeas Corpus, c’est donc parce que je sais Victor talentueux et que son pitch m’avait particulièrement séduit (en cela, sur mes neurones, c’était davantage un putsch).
A posteriori, que conclus-je ? Que le manque de réceptivité des éditeurs, leur manifeste lacune de curiosité pour ce qui est neuf, me navrent le cortex. Je sais l’édition mise à mal, je sais les manuscrits nombreux et rares les élus. Mais y’a des limites, bon sang de bon sang. Habeas Corpus est un bon, et c’est un beau, roman. C’est un roman qui se décline au futur et à l’ailleurs mais se fait l’écho subtil de l’ici et du présent. Il parle de nous et de nos vies intérieures par le prisme des histoires de tout un écosystème de personnages aboutis. C’est un livre qui nous raconte, et qui le fait avec style et créativité, un livre qui façonne un univers recodifié dont les dimensions éclairent les nôtres, c’est un livre profond dans ses images et fluide dans la patte, qui virevolte avec brio de métaphore en mise en abîme. C’est un livre qui entremêle différentes histoires comme les fibres palpitantes d’une (en)quête chamarrée. C’est un livre né pour devenir film. Enfin, c’est un livre-concept, une construction originale et méthodique, dont la singularité sert le propos.
Quand un éditeur enfin s’ouvrira au bon sens, les autres s’arracheront les cheveux de ne s’être arraché l’ouvrage.
Quant à moi je ne regrette pas les heures de la lecture, celle-ci a tracé dans mon imaginaire des chemins qu’il m’a plu d’explorer.
Et si je laisse aujourd’hui ce commentaire, ce n’est pas par amitié mais bien par conviction : celle que ce livre doit se frayer un destin jusqu’aux librairies. Si je n’y croyais pas, je choisirais de ne rien écrire, ça prendrait moins de temps. Or je suis quelqu’un de très occupé, voyez-vous.
Faisant également partie du club encore trop privilégié des lecteurs d’Habeas Corpus, je ne peux qu’être d’accord avec les mots d’Émilie, si justes, sur ce beau roman.
Moi qui suis fan de K. Dick, Jodorowsky ou Fred Vargas, j’ai été comblée : on y retrouve l’imagination du premier, la noirceur du second, la poésie de la troisième. Sans pour autant que ce soit comparable, car l’humour et la plume de Victor Boissel ne ressemblent à aucuns autres.
.J’attache en plus à Habeas Corpus une affection particulière car il représente plusieurs premières fois pour moi. Première fois – depuis le collège – qu’on attendait de moi une lecture critique et commentée d’une oeuvre. Quelle pression et quel honneur… Première fois que j’ai pu dire sincèrement et sans réserve, à un proche que j’avais adoré son livre. Et première fois que je prends la plume pour défendre un roman. J’espère que ce sera également la première fois que je verrai le nom d’un ami sur les tables des librairies !
Sans flagornerie ni excès, il fallait toute la sensibilité d’Emilie pour dire l’écriture de Victor, et l’univers d’Habeas Corpus.
À mon tour, je ne peux que trop vous recommander la lecture de l’œuvre phare d’un auteur prometteur, à l’univers riche.
Puissent les dieux de l’Ecriture entendre nos prières !